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Workshop mené avec des adolescents du Centre de Prévention et de Loisirs des Jeunes (CPLJ) à Cenon, avec l’artiste Laurent Lacotte , du 21/04/22 au 08/06/22.

Du 21 au 22 avril 2022 se tenait un workshop coordonné par Laurent Lacotte au CPLJ de Cenon. Supervisant un groupe de huit adolescents, ces derniers ont été amenés à réfléchir sur la notion d’engagement citoyen, un sujet qui intéresse Laurent Lacotte. Ce dernier qui, au travers de ses réalisations, pense et interroge les liens au sein de notre société.

Le workshop s’est ouvert sur une présentation des différents projets de l’artiste. Ensuite, les jeunes sont questionnés sur leur vision de la citoyenneté. Ce terme qui peut sembler abstrait s’est révélé être une source de réflexion, chacun ayant sa petite idée : droit de vote, droit à la santé, droit de pratiquer un sport, etc. Chacun est invité à écrire sur une feuille une liste de tout ce qu’il trouve injuste et tout ce qu’il aimerait voir changer au quotidien. Tour à tour, ils présentent alors leur liste au reste du groupe. Différents sujets reviennent régulièrement comme le racisme par exemple. Ce fut l’occasion pour certains adolescents d’évoquer leur expérience personnelle, les discriminations ou les actes racistes dont ils ont pu parfois être victimes.

Les adolescents ont ensuite été dispersés en petits groupes, avec pour consigne de sélectionner un unique thème et de trouver une phrase percutante en fonction du sujet choisi. Ces phrases seront ensuite destinées à être peintes, à l’aide de pochoirs, sur deux murs au sein même du CPLJ. Après cette matinée de réflexion suit un après-midi hyper dynamique au cours duquel les enfants sont invités, à travers des jeux corporels, à crier et bouger librement. Les plus timides se laissent prendre au jeu et une vraie dynamique de groupe se crée alors.

LE PROJET
vu par l'artiste

Réfléchir sur la notion d’engagement citoyen avec huit jeunes personnes ; parler, crier, marcher, écrire, prendre sa place.

Nous avons regardé quelques films sur les questions qui nous préoccupaient. Nous avons partagé nos sentiments d’injustice et nous nous sommes dit ce qui fâche. Chacune et chacun a écrit pêle-mêle toutes ces choses afin de les compiler. De ce magma sont apparues des phrases simples, capables de parler à toutes et tous une fois lues. Nous sommes monté•e•s sur des empilements de tables pliantes afin de prendre de la hauteur et pour scander nos phrases. Aussi, pour faire corps avec elles, pour les porter.
Nous sommes parti•e•s dans le quartier à la recherche d’objets perdus pour s’entraîner à écrire sur autre chose que nos habituels smartphones, tablettes et cahiers. Nous sommes revenu•e•s avec du carton, des morceaux de palettes en bois et la chaise du guetteur.
Nous nous sommes séparé•e•s et nous nous sommes revus un peu plus tard.
Pour écrire sur les murs du centre. En s’appliquant. En débordant aussi. A l’encre indélébile.

Une estrade s’improvise grâce à des tables superposées dans le gymnase, et les enfants escaladent l’estrade les uns après les autres pour crier la phrase de leur choix face au groupe : « L’entraide est la clef ! » ; « Accepter les différences ! » ; « Rajouter des neurones aux racistes et aux sexistes ! » ; « Avoir le droit de s’exprimer ! ». Individuellement ou à plusieurs, les enfants font résonner avec force les manifestes qu’ils avaient rédigé plus tôt.

Pour préparer l’installation de leurs phrases sur les murs, le groupe part à la recherche d’objets trouvés sur lesquels ils pourront s’entrainer à pratiquer l’alphabet en pochoirs. Ils trouvent des planches de bois, des chaises, des plaques de métal, des cartons, tout un tas de trésor à recouvrir de lettres peintes. La plupart s’entrainent en écrivant leurs prénoms et personnalisent leur objet pour se l’approprier. Ils sont fin prêts pour immortaliser cette journée sur le mur du CPLJ.

Le 8 juin se tenait la suite et fin de ce projet artistique. Après avoir sélectionné leurs phrases favorites, il ne restait plus qu’à les inscrire au mur. C’est lors de cette nouvelle venue de Laurent Lacotte que le projet pu se terminer. Le matin, Laurent, Christelle et Louis ont préparé (à l’aide de pochoirs) les emplacements des phrases dans le CPLJ. Progressivement on apercevait les phrases sélectionnées par les jeunes. L’après-midi sonna les retrouvailles entre Laurent et les jeunes.

Chacun prit un marqueur et ils se mirent à remplir les lettres sur le mur. Petit à petit on pouvait voir des lettres puis des mots puis des morceaux de phrases et enfin des phrases complètes. Sur le second mur, un groupe peinture s’était formé pour remplir les lettres les plus grandes. Si des problèmes de marqueur sur le crépi en ont découragé plus d’un, un petit groupe d’irréductible a œuvré de bout en bout, naviguant entre marqueur et peinture. Une fois toutes les phrases remplies, les jeunes étaient fiers de leur travail et du rendu. Mais cela signifiait aussi la fin du workshop entre Laurent et les jeunes du CPLJ. Durant cette rencontre, les jeunes ont pu s’exprimer, s’approprier leur colère face aux injustices de la société et la transformer en une volonté d’améliorer les choses et de rendre le monde plus juste.